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POC : Point-of-Care, diagnostic rapide des infections à bord de navires commerciaux

POC : Point-of-Care, diagnostic rapide des infections à bord de navires commerciaux

POC ou Point-of-Care ou comment rapprocher le diagnostic, le médecin et le patient au chevet de ce dernier ?

Contexte

A. DES ENJEUX ACTUELS DE LA MEDECINE

Le 20ème siècle a connu la révolution technologique dans le monde médical et de la santé à travers l’instrumentation, l’ordinateur et les technologies d’information et de communication.

Cette révolution a continué dans le 21ème siècle, avec des technologies transdisciplinaires et des innovations impactant directement la pratique médicale et qui en retour, ont redéfini la relation entre patients et praticiens de santé.

Les innovations technologiques et la globalisation ont uni le monde médical dans une communauté globale où des économies développées et en voie de développement sont devenues plus interdépendantes et mieux connectées que dans les temps précédents.

L’espérance de vie à travers le monde ayant augmentée, la communauté globalisante est maintenant en train d’affronter de nouveaux défis d’amélioration de la qualité de vie et de soins de santé à un coût abordable. L’augmentation exponentielle de coût de soin de santé, défini comme un total de la dépense de santé (% du PIB), est un point critique des nations développées, fournissant une qualité de soins minime à tous, spécifiquement de large communautés dispersées dans les zones rurales, est un des défis les plus important dans les nations développées.

L’intérêt grandissant pour la santé publique des quelques trente dernières années met en valeur l’importance d’endiguer des épidémies occurant dans des pays en voie de développement dont les moyens sanitaires et les conditions vétustes d’habitation des populations les plus pauvres ne permettent pas toujours la prévention, le diagnostic rapide et la prise en charge thérapeutique qui en découle (isolement, pour éviter les contagions).

La désertification des zones rurales et des pays en voie de développement des praticiens de santé peuvent laisser parfois le médecin et plus rarement le

patient démunis, conduisant ce dernier à une moindre compliance et une moindre consultation sensée répondre aux symptômes manifestés par ce dernier.

La communauté médicale doit alors apporter non seulement une réponse médicale, mais aussi technologique pour améliorer la qualité de soins individuels au vu des nouvelles interrogations citées précédemment mais aussi en terme global sur le territoire national et inter frontalier dans un monde de plus en plus globalisé.

B. ENVIRONNEMENT DU LABORATOIRE EN MUTATION

Combinant progrès technique (émergence de nouvelles techniques de biologie, automatisation, miniaturisation) et une position affirmée de la biologie médicale dans près de 60% des diagnostics, la crise financière de 2007 a renforcé l’ambition d’une nouvelle politique de santé publique concourant à l’amélioration de qualité de soins et à la diminution des coûts (Baisse du B, nomenclature de biologie médicale), et a accéléré la multiplication de sociétés d’exercice libéral de 1999 jusqu’à aujourd’hui pour permettre aux laboratoires de garantir un budget équilibré.

La France constitue jusqu’à aujourd’hui le réseau le plus dense d’Europe de laboratoires de ville. Satisfaisant rapidement une patientèle de quartier ou de ville, ce réseau souffre d’un équipement limité et de défaut d’accréditation sur de nombreuses techniques : le recours à la délocalisation de certaines analyses dans des plateformes plus équipées est la variable d’ajustement.

L’industrialisation des techniques et leur concentration géographique croissante menacent ce réseau qui souffrait déjà d’une répartition inégale sur le territoire.

L’accroissement du nombre d’analyses permis par le regroupement de laboratoire esquisse le début d’un démantèlement d’un maillage fin du territoire national dans l’offre de biologie médicale vers une centralisation du traitement et un éloignement des laboratoires vis-à-vis des structures de soins.

Le mouvement de concentration vers des centres privés a vu émerger en parallèle une organisation « multisite » alliant plateaux techniques de pointe avec des volumes d’analyses conséquents (jusqu’à 3000 analyses quotidiennes) en relation avec d’anciens laboratoires de « quartier » reconvertis en centres de prélèvements. Initialement à faible distance dû aux contraintes de transport, l’éloignement tend à s’accroitre pour des raisons économiques et stratégiques.

Cet éloignement a un prix et c’est celui du délai du rendu de résultat qui entre en conflit avec le paramètre important du temps notamment pour des analyses rapides ou bien pour une prise en charge qui nécessite un diagnostic biologique dès que possible.

C’est dans ce contexte que dans le futur institut hospitalier universitaire d’infectiologie de France à Marseille que le 1er Point of Care est mis en place en 2008. Il épouse le mouvement de satellisation des petits laboratoires d’hôpitaux pour renforcer le laboratoire central du centre hospitalier universitaire tout en garantissant un niveau de qualité et de rendu des résultats satisfaisant (en moins de 4h) et pallie un écueil fréquent de certains établissements de santé à être dépourvus d’expertise microbiologique.

Indispensable & quotidienne, la bandelette urinaire ouvre l’examen clinique des patients à un diagnostic biologique à partir des années 1980. Il s’enrichira par la mesure de la glycémie capillaire, les gaz du sang, le streptotest ou la détection de ßHCG urinaire. De plus en plus nombreux, ces tests biologiques se formaliseront dans une nouvelle famille: simplicité, rapidité, immédiateté et formation pré-requise la plus étroite possible en « Biologie délocalisée » ou « Point Of Care test » ou même encore « bedside patient testing ».

Le POC apporte un bénéfice évident dans les zones dénuées de laboratoires (zones rurales) et permettant d’améliorer la pratique clinique et de diminuer le nombre d’admissions et de transfert hospitalier.

Son utilisation reste toutefois à discuter dans les zones dont l’offre en biologie médicale est suffisante où sa supériorité n’est pas démontrée en terme de justesse d’analyse ou d’amélioration à l’accès aux soins.

Le POC développé aux Etats-Unis rencontre notamment un obstacle financier majeur en France qui est la facturation des examens biologiques ne pouvant être faite que par un biologiste médical.

Si le POC n’arrive pas à répondre aux enjeux financiers des laboratoires actuels en France, il permet de répondre notamment à 3 questions les plus cruciales en infectiologie : l’hospitalisation du patient, l’isolement d’un patient contagieux et l’éventuel traitement infectieux ciblé plutôt qu’une antibiothérapie probabiliste à large spectre.

C. POC DE L’AP-HM – IHU MARSEILLE

L’AP-HM (Assistance publique des Hôpitaux de Marseille) connaît les problèmes inhérent de tout centre Hospitalo-universitaire notamment celle d’une mission publique de soins lui coûtant un déficit budgétaire tout en ayant l’ambition d’un centre de référence.

Dans ce cadre, l’AP-HM a créé de nouvelles structures répondant aux nouvelles normes et accréditations et assurant une meilleure qualité de soins. Après avoir vendu l’Hotel-Dieu à un groupe immobilier et fermé le laboratoire de microbiologie de l’hôpital Nord en 2007, un laboratoire central unique de microbiologie est le premier à répondre à une exigence du plan de LBM de Marseille.

Enclavé dans un quartier défavorisé, l’hôpital nord pâtit d’un accès limité aux bâtiment centraux (12,5km) occasionnant une perte de chance supplémentaire pour la population locale : ne garantissant plus les résultats d’analyses immédiats (2h en moyenne), le service d’urgence dépendant de ces analyses ne peut plus apporter de réponse aux 3 questions de décision médicale dans les temps impartis.

Suite à la mise en place d’une démarche qualité et accréditation de tests au laboratoire central répondant aux normes ISO22870-2006 au POC de l’hôpital de la Timone, le POC de l’hôpital nord fut installé dans les urgences pédiatriques affiliées et prit de plus en plus d’importance en activité (x4 en 4 ans) conformément aux exigences d’accréditation en cours à ce jour iso

15189 : L’organisation et le management et en particulier la définition des responsabilités et des rapports avec tous les intervenants dont le laboratoire central de microbiologie, l’existence de processus de type enregistrements, documents, l’identification et la maîtrise des non conformités, la mise en place d’actions correctrices, préventives ou d’amélioration continue, d’audits internes, une politique de ressources humaines (recrutement, formation, qualification, habilitation) propre aux examens de biologie délocalisés, la gestion du matériel, des réactifs, l’existence de procédures pré analytiques concernant la gestion des équipements, la corrélation entre les contrôles de qualité et le laboratoire central, les liens avec le laboratoire central concernant les comptes rendus de résultats, le comité de pilotage avec un sénior référent responsable, un junior gérant les plannings des internes et l’ingénieur qualité.

L’équipement en cours du POC à marseille est composé de : PSM Holtensafe 2010 Thermo 1, 1 CFX 96 Biorad , 1 genexpert Cepheid, 1 centrifugeuse Thermo, 1 congélateur table top Liebherr, 1 réfrigérateur Liebherr, une imprimante +informatique monarch, 1Bain sec Bioblock, 1 Vortex Bioblock, 2 Pipettes, 1 microscope Zeiss

Une étude rétrospective à partir des registres du POC hiérarchisait en terme de fréquences les pathologies suivantes : 59% des pathologies respiratoires, 12,9% des pathologies liées aux diarrhées, 11,3% des angines, 8,7% des méningites

Il est à noter que 82,6% des tests sont non moléculaires, principalement immunochromatographiques. Malgré une évolution de plus en plus grandissante des tests moléculaires, le POC accueille des prescriptions pouvant être réalisées à bas coût et avec un équipement le plus minime possible sans automate.

A Marseille, l’amélioration de la lyophilisation de réactifs de biologie moléculaire permet d’augmenter leur stabilité dans le temps, faciliter le stockage dans le laboratoire central et surtout dans les laboratoires Point-of- Care situés à distance.

Fort de son expérience locale, le laboratoire de microbiologie de Marseille a contribué à la mise en place de 2 Point-Of-Care au Sénégal (Dakar et Dielmo) pour diagnostiquer les fièvres tropicales dans l’Afrique rurale.

1 Point-Of Care mobile a été développé en collaboration avec la Compagnie CMA / CGM pour répondre à l’isolement des bâtiments maritimes en haute mer et en particulier vis-à-vis d’un laboratoire central. L’expérience décrit dans l’article suivant a permis la création d’une mallette intégrée facilement et déployable à terre comme sur les navires (brevet POC RAME issu de la collaboration de l’IHU, de la CMA-CGM et de la fondation Merieux)

Le POC mobile est une chance pour les zones démédicalisées : l’accès au personnel soignant est compliqué et des déplacements parfois très coûteux n’apportent pas toujours un bénéfice supérieur à un simple test réalisé immédiatement et dans le lieu de soin du malade.

POINT-OF-CARE, DIAGNOSTIC RAPIDE DES INFECTIONS A BORD DE NAVIRES COMMERCIAUX

INTRODUCTION

Les maladies infectieuses et contagieuses sont les causes de sérieux problèmes à bord des navires commerciaux. (1) En effet, plusieurs exemples différents ont pu être rapportés: des flambées d’infection des voies digestives dues au Norovirus, [2-4] Escherichia coli entérotoxinogène [5] et Cyclospora; [6] des cas d’infection des voies respiratoires provoqués par la grippe [7-9] et la legionellose; [10] des cas d’hépatite causée par le VHE [11] ainsi que des épidémies de méningite Neisseria meningitidis [12] et de varicelle [13].

Ainsi, il la proportion de maladies transmissibles à bord est (plus) importante. Une enquête réalisée en mer auprès de plus de 1,5 millions de personnes par jour a révélé que 21% des visites à l’infirmerie était la cause d’infections probables, dont 68 étaient des recrudescences d’infections des voies respiratoires ]

Bien que la troisième édition du Guide médical international de l’OMS pour les navires fournit de précieuses clés pour formuler un diagnostic rapide sur la base des syndromes observés, [15] un diagnostic précis des maladies transmissibles à bord demeure limité à très peu d’agents pathogènes en raison du nombre restreint de tests rapides disponibles à bord. Par conséquent, le personnel à bord des navires commerciaux, y compris les frets et les navires de croisière ont été limités dans leur capacité à diagnostiquer les maladies infectieuses et tropicales, ainsi les seuls tests communément disponibles à bord sont ceux du paludisme et de la légionellose. [16]

L’élaboration de tests diagnostiquant les maladies infectieuses et tropicales utilisables à bord représenterait donc un progrès considérable. Depuis 4 ans, nous avons développé des laboratoires point-of-care (POC) terrestres dédiés au diagnostic rapide des maladies infectieuses et tropicales, y compris des maladies graves et très contagieuses. [17, 18] Ces laboratoires de POC ont

été mis en œuvre dans des établissements de santé en France [17] et depuis peu dans un village reculé au Sénégal. [19] L’évaluation de ces laboratoires de POC a démontré qu’ils permettent de réaliser des diagnostiques en moins de 3 heures, par conséquent ils optimisent le traitement des patients puisqu’ils favorisent la prise de décisions médicales efficaces qu’il s’agisse d’hospitalisation , d’isolement pour les cas de malades contagieuses ou encore de choix d’un traitement anti-infectieux approprié.

Ici, pour la première fois, nous avons évalué l’installation d’un laboratoire POC pour les diagnostics cliniques rapides de maladies infectieuses et tropicales à bord de 2 navires commerciaux. Les buts de cette étude était d’estimer les obstacles logistiques spécifiques aux navires, la formation d’un personnel non médical, et l’assurance qualité. Cette installation était sujette à des contraintes particulières comme l’isolement du navire en pleine mer, la navigation dans des conditions climatiques variables, et la présence ou l’absence d’équipe médicale à bord.

METHODES

INSTALLATION ET GESTION DU POC

Deux essais sur le terrain ont été menés successivement. Lors du premier test, un laboratoire POC a été installé pendant 10 jours sur un navire de fret (Le MEDEA, CMA-CGM, Marseille, France), qui a navigué avec 35 personnes à bord, dont un biologiste (MB) qui a effectué les tests POC à bord. Au cours du second test, un laboratoire POC a été installé pendant 7 jours sur un long navire de croisière (L’Austral, CMA-CGM). Dans les deux cas, le laboratoire POC était équipé d’une hotte de 653 × 610 × 785 mm (Captairbio; ERLAB, Val de Reuil, France), d’un container réfrigéré de 0,15 m3 avec des réactifs d’immuno-chromatographie, et d’un container de 0,21m3 à température ambiante avec d’autres équipements. Le matériel informatique comprenait un micro-ordinateur (MacBook Pro 13 « , Apple, Cupertino, États-Unis), une tablette (Archos, Igny, France), et un téléphone mobile (iPhone 4, Apple) (Figure 1)

POC SYNDROMIC KITS

Des tests POC ont été réalisés selon les syndromes répertoriés (tableau 1). Les signes et symptômes cliniques relevés étaient de la fièvre, des éruptions cutanées, de la diarrhée, des vomissements, des maux de tête, des sensations de brûlure en urinant, des écoulement du pénis, de la toux, de la gêne respiratoire, et des blessures. Conformément à ces données, six kits de POC basés sur les syndromes et codés en couleur ont été conçus pour la pharyngite, l’infection des voies respiratoires, l’infection du tube digestif, la fièvre tropicale, les infections sexuellement transmissibles et l’infection liée aux plaies (tableau 1). Les échantillons cliniques étaient des urines, des crachats, des écouvillons pharyngé, des prélèvements urétraux ou de sang (tableau 1). En ce qui concerne les prélèvements sanguins, ils ont été recueillis en utilisant un autopiqueur à usage unique (Bayer, Munchen, Allemagne) et la micropipette d’échantillonnage a été celle utilisée dans le test du tétanos (Biomerieux, la toile de Marcy l’etoile, France). Chaque kit a été mis dans un sac en plastique qui comprenait des tests disponibles dans le commerce de tests immunochromatographiques, un réactif prêt à l’emploi et un guide d’ utilisation imprimé. Les kits de POC incorporaient seulement les tests disponibles dans le commerce dont les performances ont été déterminées au préalable (18,20) (tableau 2). Aucun de ces tests n’a requis d’instrumentation particulière pour lire les résultats.

FORMATION AUX KIT SYNDROMIQUES DE POC

Une équipe de volontaire non médicalisée et un membre du navire de croisière ont été formés par l’interne en biologie médicale (M.B.) pour collecter les échantillons cliniques tout en les manipulant dans le respect des règles de sécurités, pour choisir le kit syndrome approprié, et pour effectuer et interpréter les tests POC. La formation a été explicitée sous forme de procédures écrites expliquées par M.B. En outre, des vidéos de 90secondes ont été enregistrées par M.B. à l’aide de l’appareil photo disponible sur la tablette. La formation s’étendait sur une durée d’une heure. Les modes opératoires utilisés pour le POC terrestre à Marseille ont été reformatés dans des contenants plastiques afin d’augmenter leur résistance. Une copie a été également fournie sous une forme digitale, une clé USB de 8GB.

RESULTATS

L’INSTALLATION ET LA GESTION DU POC À BORD

Un laboratoire POC a été facilement installé sur les deux navires. Dans le navire de fret, le POC a été installé dans une pièce de 15 m2 située sur la passerelle n°1 comprenant deux salles de consultation et une salle de bains. Sur le bateau de croisière, le POC a été installé dans une infirmerie de 30 m2 situé sur la passerelle n°3 et comprenant deux salles de consultation, une salle de bains et un salon dédié au médecin de navire affecté à la croisière. Les communications sortantes du bateau ont été restreintes par un filtre permettant au capitaine de filtrer tous les courriers électroniques sortants. Tous les contenus web autres que l’e-mail créés spécifiquement pour la croisière MEDEA ont été interdits. Cette liaison était assurée par satellite et son coût était trop élevé aussi bien pour la vitesse que pour la durée pour permettre un échange satisfaisant. Les limites et difficultés rencontrées dans ces deux expériences ont impliqués le système informatique. Le système global de communications mobiles (GSM) téléphonique n’était pas utilisable dans les zones internationales. En matière d’éthique, la confidentialité a été respectée grâce à un registre établi par MB qui a gardé un enregistrement anonyme des passagers.

Quant au navire de fret, quatre personnes ont été formées à l’utilisation de kits de POC pendant le voyage, y compris le capitaine qui avait une formation de premier secours et qui a utilisé lui-même trois kits d’infection des voies respiratoires sur les expectorations et l’urine; lesdits test se sont avérés négatifs comme confirmée par MB. Au cours du voyage sur L’Austral, une infirmière, membre du personnel de santé, a reçu une formation de 45 minutes de techniques de biologie médicale d’urgence et d’application des procédures. Sa formation a été validée par l’utilisation des kits suivants: trois kits d’infection des voies respiratoires et une trousse de fièvre tropicale. Deux autres personnes sans aucune connaissance médicale ou biologique ont été également formées. Chacune d’entre elles a effectué des tests de la trousse d’infection des voies respiratoires de façon indépendante, qui se sont avérés deux fois négatifs.

LES ESSAIS DU POC SYNDROMIQUE

Sur un total de 41 visites, 36 kits de POC ont été utilisés. À bord du navire de fret, sur 17 visites ,15 kits de POC(88%) ont été utilisés, donnant lieu à des résultats négatifs. Les patients ont refusé de donner un échantillon de selles faisant valoir qu’ils étaient gênés que ces échantillons soit facilement reconnaissables à travers le récipient transparent fourni. À bord du navire de croisière, 24 visites médicales ont initiés l’utilisation de 21 kits (91%) de POC : tous ont conduit à des résultats négatifs, y compris huit kits d’infection des voies respiratoires, quatre kits de pharyngite, quatre kits de fièvre tropicale, trois kits d’infection des voies digestives, un kit de maladie sexuellement transmissible et un kit d’infection liée à la plaie. Dans ce dernier cas, le test de tétanos a révélé l’absence d’anticorps protecteurs bien que le personnel était répertorié vacciné, traité par sérothérapie.. Dans tous les cas, les résultats du kit POC ont été disponibles dans un délai de 15 minutes.

DISCUSSION

Ce rapport constitue la première installation de laboratoire POC pour le diagnostic rapide des maladies infectieuses et tropicales basé sur une approche syndromique à bord de navires commerciaux. En effet, quelques tests de diagnostics rapides étaient jusqu’alors disponibles pour le diagnostic des pathogènes ciblés, mais il était limité à leur nombre de 2 et ne permettait pas une approche syndromique. Toutefois, la troisième édition du Guide médical référence de l’OMS International pour les navires ne mentionne pas le laboratoire POC ou même l’approche syndromique (15). Il a été montré qu’il est possible d’installer et de faire marcher un laboratoire POC non seulement à bord d’un bateau de croisière, avec un médecin à bord et malgré les contraintes de nombreuses escales, mais aussi sur un navire de fret sans équipe médicale ou d’équipe permanente de laboratoire. En effet, nous avons montré qu’il est possible à des personnes sans expertise dans le domaine de la biologie médicale, à l’issu d’une brève formation, de faire fonctionner le laboratoire POC à bord, de recueillir l’échantillon clinique et d’effectuer des tests, et de permettre à ce laboratoire POC de communiquer avec un laboratoire central pour valider éventuellement les résultats.

Comme avec les laboratoires de POC terrestres, le laboratoire POC de bord comprend des tests rapides disponibles dans le commerce dont les performances ont été préalablement établies. Ici, le but des tests était d’évaluer le laboratoire POC lui-même dans le contexte particulier de bâtiment maritime.

Ces évaluations sur le terrain ont mis en évidence les contraintes qui ne figuraient pas auparavant dans le POC terrestre. (17,19). En ce qui concerne l’échantillonnage clinique, les procédures ont été adaptées à l’exception de la collecte des selles qui doit être réalisée en utilisant un récipient opaque afin de préserver l’intimité des patients. En termes d’équipement utilisé, il est nécessaire d’obtenir des éléments sur le navire en mouvement. La gestion des stocks devrait être considérée lors de la conception du navire pour une intégration naturelle et intuitive permettant une utilisation systématique. La gestion des déchets a été effectuée conformément à la routine existante du navire, y compris des déchets biologiques éliminés dans chaque port où le navire était ancré. En effet des circuits étaient déjà en place pour évacuer les produits médicaux. Les communications doivent être examinées de manière intégrée en créant une application de laboratoire POC compatible avec le service de l’équipement informatique standardisé sur le navire.

Malgré ces limites, la gestion d’un laboratoire POC mobile était possible dans ces conditions. En particulier, la formation d’un personnel non médical a été démontrée possible ainsi que l’acquittement de l’ensemble de la chaîne aboutissant à un diagnostic clinique. C’est non seulement vrai pour le personnel du navire qui avait bénéficié d’une formation en vertu de la convention du travail maritime de l’Organisation internationale du Travail et la Convention sur les normes de formation, mais aussi pour quelques passagers sans aucune connaissance précédente en médecine. Cette démarche implique de faire un choix sur le mode de prélèvement et du kit POC à utiliser, d’accomplir adéquatement les tests de kit de POC, et de formuler une bonne interprétation du résultat du test. Le code couleur est utile pour surmonter les limites liées au manque de lexique et de connaissances en biologie. Le menu des tests POC doit être adapté au type de navire commercial et à sa zone géographique particulière de croisière. Par exemple, nous n’avions pas prévu la nécessité de faire des kits de maladies sexuellement transmissibles à la disposition du personnel à bord des navires commerciaux alors que nous avons inclus un tel kit de syndrome dans la deuxième expérience (21). Développer un algorithme simple basé sur une combinaison limitée à quelques signes et symptômes peut encore faciliter le choix du kit de POC adapté à être utilisé dans la prise en charge d’un patient particulier.

L’installation des tests POC sur les navires peut optimiser la prise en charge médicale de l’équipage et des passagers. Dans ce cas particulier, le dépistage rapide a indiqué une absence d’immuno-protection contre le tétanos et de sa prise en charge systématique, la vérification de l’immunité contre le tétanos ayant été prouvé d’un bon rapport coût/efficacité (22) . Ici, l’examen du registre médical des navires de croisière pour les cinq croisières précédentes ont souligné que 159 des 222 (71,6%) des visites médicales auraient bénéficié de tests POC pour un coût estimé entre 0,7 et 25.4 Euros (moyenne, 12.9 euros) par test (23). Une autre étude spécifique à la rentabilité est ainsi justifiée et doit être menée.

Sur la base des nouvelles informations des deux expériences sur le terrain rapportées dans cet article, l’évaluation du POC à bord a été finalisée pour incorporer les éléments nécessaires et suffisants pour le rendre opérationnel, afin d’aider à optimiser le traitement médical des membres d’équipage et des passagers.

DÉCLARATION CONFLITS D’INTÉRÊT

MD et DR déclarent qu’ils ont enregistré le nom de marque pour POCRAMe’ laboratoire POC mobile. Sinon, les auteurs affirment qu’ils n’ont pas de conflits d’intérêt à déclarer.

Bibliographie, références, certifications proposés par Dr Mehdi Bouricha

 

The Point-of-Care Laboratory in Clinical Microbiology.

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Influenza Outbreaks among Passengers and Crew on Two Cruise Ships: a Recent Account of Preparedness and Response to an Ever-Present Challenge

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Journal Travel Medicine POC Mehdi Bouricha

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Diplome Medicine POC Mehdi Bouricha These medecine

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Rapport IHU mediterraneen Mehdi Bouricha

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